Comme ces sculptures funéraires où le mort est représenté dans une posture presque quotidienne, tel qu’on pourrait le croire endormi, cette installation-performance veut interroger la frontière poreuse entre le vivant et l’image.

 

Dans « Gisant », à l'instar des Blasons - formes poétiques du 16° siècle qui font l'éloge de parties du corps -, les fragments de photos sont des réminiscences de vie.

Par le biais d’un cadrage serré, ils captent et révèlent, dans un instant désormais suspendu, des parcelles de tension et de souffle, éphémères, volatiles, qui animent les corps figés et tendus.

 

Ces fragments sont en dialogue avec un corps vivant, celui de la vocaliste Bénédicte Davin. Elle est  comme une structure, un squelette mental qui essaie de se reconstituer une identité.

 

On ne sait plus qui de l’image et du vivant manipule l’autre.

Qui est la nature morte de ce tableau ?

Ce dialogue dilue la frontière entre l’objet animé et inerte pour créer un vertige certain  … . Le spectateur bascule dans le règne de la mémoire et de la trace.